samedi 23 juin 2007

Centons : O.Cadiot, R. Barthes, C. Roy, R. Ducharme.

DIALOGUE SENTIMENTAL
ELLE — O april night how far and bright…
LUI — Qui va là ?
ELLE — Je vous aime !
LUI — Mais qui êtes-vous ?
ELLE — Je suis une alchimiste rendue folle par des vapeurs de mercure, un être à torturer, gelé, emmagasiné, momifié, prêt pour la dissection ! Je vous aime ! Je t’aime !
LUI — Elle perd la tête !
ELLE — Je vous aime ! Je désire que vous me caressiez, me touchiez, m’embrassiez, me donniez du plaisir, je désire vous caresser …
LUI — Que faîtes-vous là !
ELLE — … vous toucher, vous donner du plaisir ! J’aime à imaginer que nous sommes deux pierres que j’ai entrepris de greffer l’une à l’autre avec mon sang, oh mon ami, mon doux ami ! Aucun lien ne nous unira que je n’aurai tissé de mes propres mains. Je t’aime !
LUI — C’est fou ce que les gens peuvent inventer ! Je t’aime… je te l’aime… tu me l’aimes… Beau sac d’embrouille, le verbe aimer. Je suis contre l’amour.
ELLE — L’amour ! ô joie extrême ! neige de printemps aussitôt fondue que tombée ! neige du cœur de l’hiver aux flocons durcis ! première neige fragile de l’automne, mot qui fait se lever la neige des grandes tempêtes ! Je t’aime ! Je vous aime !
LUI — Où avez-vous appris ce que vous racontez–là ? Sur la planète Mars ? Les histoires d’amour me fatiguent. Conte de fées ! C’est toujours pareil : Il était un grand nombre de fois…
ELLE — Des milliards de fois ! Des milliards de fois je t’aime, je t’aime, je t’aime …………
LUI — Le calcul élémentaire des probabilités montre qu’il arrive rarement que celui qui dit « je vous aime » aime vraiment celui qui le dit. Je ne veux pas souffrir. Je ne me laisserai pas induire en erreur. Je suis contre l’amour.
ELLE — Si je t’aime, est-ce que cela te regarde ? O april night how far and bright…
Odette Vostal

Aucun commentaire: